À l’été 1983, alors que je n’avais que 18 printemps, j’ai eu la très grande chance de faire un premier voyage sur le continent européen. L’Harmonie des Cascades, un orchestre à vents auquel je m’étais joint deux ans plus tôt, avait accueilli en 1982 un orchestre similaire en provenance de la petite ville de Bléré, dans la magnifique région française des châteaux de la Loire. C’était bien clair à l’époque que nous les accueillions et que nous allions les visiter l’été suivant.
Je vous fais grâce de la longue et épuisante (surtout pour mon pôvre père!) campagne de financement qui a duré une bonne année. Mais elle fut couronnée de succès et je me rappelle très bien que chaque musicien devait débourser seulement 300$ pour un périple de 24 jours au total. Bon, nous ne vivions pas dans le grand luxe, mais ce fut pour moi une expérience extrêmement enrichissante qui, au fil des ans, a débouché sur une véritable passion. En fait, on pourrait parler de deux passions : celle pour les voyages certes, mais aussi celle pour la musique. Au moment d’écrire ces lignes, c’est-à-dire tout près de 40 ans plus tard, ces deux passions me font vibrer avec autant d’ardeur qu’à cette époque. Et j’irais même jusqu’à dire que parfois, j’ai l’impression qu’elles me font vibrer encore plus qu’au moment d’entreprendre ce premier d’une longue série de voyages à travers le monde.
Lors de ce périple, j’ai eu la merveilleuse idée d’écrire quotidiennement un journal de voyage très détaillé. J’ai encore dans ma bibliothèque ce précieux document. C’est à partir de ce dernier que j’ai pu rédiger le récit qui suit. Bien évidemment et sans dire que j’ai « romancé » le récit, je me suis permis quelques ajouts. Et j’ai retiré certains détails qui n’étaient pas pertinents. Mais surtout, je me suis permis de reformuler beaucoup de passages car en le relisant, je me suis aperçu qu’il y a bon nombre de choses qu’on ne dit plus de la même manière aujourd’hui. Comme j’avais eu la brillante idée de noter religieusement le nom de chacune des bières que j’ai bues aussi bien en France qu’en Belgique, je me suis beaucoup amusé à rechercher dans Internet ce qui est advenu des brasseries. Quelques-unes existent encore, certaines sont disparues, mais à ma grande surprise, j’ai constaté que la majorité ont été rachetées soit par Heineken ou soit par Kronenbourg.
J’aimerais dédier ce récit à mon pote Marc de Montigny, qui faisait également partie de ce voyage. C’est mon plus vieil ami. Nous nous connaissons depuis le tout début du secondaire. On se parle ou on s’écrit régulièrement et j’ai très hâte incidemment qu’il vende sa maison à Edmonton et qu’il déménage à Québec. 😊
: France et Belgique 1983(30 juillet 1983)
Ainsi donc, par une magnifique journée de la fin du mois de juillet, tout le monde s’est réuni à l’école Missionnaires du Sacré-Cœur, aujourd’hui devenue François Bourrin, pour assister au départ. Il y a donc les parents, les amis et certaines personnalités politiques dont le maire Michel Rivard, de même que le député de Montmorency Louis Duclos. C’est le père d’Yves Duclos, avec qui je suis allé à l’école secondaire et qui, quelques décennies plus tard, sera ministre de la Santé au fédéral.
Photos officielles, yeux larmoyants, longues accolades, tout y est. Nous partons donc dans un bus gracieuseté d’Air France en direction de l’aéroport de Mirabel qui servait encore à l’époque au transport des passagers. Après une attente de quatre heures et munis de nos cartes d’embarquement et d’une boîte à lunch qui va faire office frugalement de souper, nous rejoignons en bus le Boeing 747 bleu, blanc et rouge qui, avouons-le, me déçoit un peu. Il me semble un tantinet vieillot et je trouve que nous sommes tassés comme des sardines. Mais bon, je prends l’avion pour la première fois. Je n’ai pas beaucoup la possibilité de comparer.
On est assis tous ensemble. J’ai à ma gauche Marc et à ma droite Julie Tremblay. Ce n’est pas la meilleure place, étant assis complètement au milieu. Nous partons avec quelques minutes de retard. Je découvre le « feeling » du décollage, quand on se sent collé à son siège à mesure que l’avion accélère jusqu’au moment où il prend son envol.
On nous offre des écouteurs très rudimentaires et pour lesquels il faut allonger 15 francs français (FF). Et nous regardons « La Boum 2 », un petit film d’ados mettant en vedette Sophie Marceau alors qu’elle n’a que 16 ans.
Ensuite, les membres de l’orchestre se paient quelques bouteilles de vin et de bières Labatt 50, dans une ambiance très festive. Nous regardons le soleil se coucher et trois heures plus tard, il se lève à nouveau, prenant par surprise les fêtards.
J’expérimente pour la première fois les zones de « turbulences ». Nous en traversons plusieurs. Par contre, l’atterrissage se passe tout en douceur et nous nous retrouvons à l’aéroport Charles de Gaulle. Pour nous, il n’est que 2h du matin, mais à Paris il est déjà 8h.
(31 juillet 1983)
Nous mettons à l’épreuve notre très rapide et efficace système de bagages et nous rejoignons monsieur Pommard, le directeur musical de l’Harmonie de Bléré. Je ne l’ai pas mentionné encore, mais c’est lui qui a organisé le séjour à quasiment 100%. Il nous attend avec un autobus tout neuf.
Nous partons finalement dans le flot des vacanciers sur l’autoroute en direction sud. Nous remarquons rapidement que les voitures sont assez petites et ma foi, pas super belles. Le luxe semble être mis de côté. Cependant, on peut voir de belles AUDI, des BMW, des Opel, des Alfa Roméo, des Mercedes, des Volkswagen, quelques Porsche et une pluie de Renault, de Peugeot et de Citroën. La Renault 4 est une voiture qui ne gagnera certainement pas un concours de beauté. Par contre, elles ne doivent pas être si mal construites puisque j’en verrai encore quelques-unes en Europe 39 ans plus tard. Ce qu’on remarque également, c’est qu’il y a très peu d’américaines et de japonaises.
La ville de Paris nous semble fort jolie, assez propre mais il y a beaucoup de trafic. Nous traversons la Seine et apercevons au loin pour la première fois la tour Eiffel. Les champs de maïs, d’avoine et de tournesol succèdent à la ville et on se croirait dans les Prairies canadiennes tant tout est plat. Les maisons sont d’un type architectural différent des nôtres avec des toits en ardoise.
Le reste du voyage à travers la Touraine se déroule bien. Par contre, après notre nuit sur la corde à linge, mes paupières sont très lourdes sur la fin.
On arrive à Bléré après quatre heures de bus, complètement exténués.
Nous avons droit à un excellent accueil. Je reconnais immédiatement Frédérique, la demoiselle que nous avons hébergée l’été précédent. Elle a une chevelure nettement plus frisée. Après un vin d’honneur, nous partons dans une vieille Simca de 15 ans en direction de la maison de la grand-mère de Frédérique, où Jean (Bouchard) et moi serons hébergés pour les prochaines nuits. Cette maison a 101 ans. Elle est très chaleureuse. Les portes sont ouvertes en permanence et il y a toujours plein de mouches à l’intérieur.
On commence par une Mützig, une bière d’Alsace pas mauvaise du tout.
On repart avec Thierry, un ami de Frédérique. On fait un tour du village, qui n’est pas bien grand en fait. Il n’y a que quelques rues mais c’est un endroit qui nous semble très accueillant. Il y a l’église, faite de pierres toutes érodées. La gendarmerie, la piscine municipale, quelques boutiques.
On aboutit au « Parc plage ». C’est une espèce de terrain de camping avec des parasols et où on sert de l’alcool. Par contre, le sol est en sable et il y a des oies qui se promènent. 😊
Thierry nous paie gentiment une bière. Frédérique boit un « radeau », c’est-à-dire une limonade avec un zeste de citron qui flotte en surface. On se remémore des souvenirs de leur voyage à l’été précédent.
On rentre en traversant le pont de pierre enjambant le Cher et menant jusque chez la grand-mère de Frédérique. Les paysages de la Touraine sont charmants. Nous avons aperçu dans l’autobus quelques châteaux, des caves à vin creusées à même la montagne, un pont magnifique permettant de joindre les deux rives de la Loire. Tout ici respire le calme et la tranquillité.
Pour souper, on mange des omelettes avec de l’échalote. Il y a du pain baguette, des fromages, de la salade, du yaourt qu’on mange nature, du cantaloup. La table est bien remplie de victuailles. Je m’en voudrais de ne pas mentionner que je fais la découverte des fromages de style brie / camembert. Donc, un fromage avec une croute blanche en surface et une pâte molle tirant sur le beige à l’intérieur. Je ne sais pas si on pouvait trouver facilement ces fromages au Québec à l’époque. Chose certaine, je n’en connaissais pas l’existence.
Pour terminer la journée, on regarde à la télé le film « Les Charlots font l’Espagne ». On se couche après être restés éveillés pendant 33 heures.
(1 août 1983)
Pour déjeuner, du pain toujours aussi délicieux que d’habitude. Il y a du fromage et du jus d’orange fraîchement pressé. Comme autre découverte, je goûte pour la première fois et à mon grand désarroi à du beurre non salé. 😊 Nous avons la chance de rencontrer quelques membres de la famille, grand-maman Foucault ayant eu 12 enfants.
Ce matin, la température est incertaine, mais il commence à faire soleil. On part à Tours avec la mère de Frédérique. On se promène dans la ville et on achète du pain et des gâteaux.
Pour dîner, on commence avec du pain, des rillettes d’oie et de la terrine de lapin. C’est vraiment très bon. Il y a encore de la bière Mützig. On mange du poulet et des pâtes. Ce sont des macaronis cuits et servis directement avec du beurre. J’avoue être un peu déstabilisé car c’est la première fois de ma vie que je mange des pâtes avec du beurre. Dans le Québec du début des années 80, on mange les pâtes avec de la sauce à spaghetti. 😊 Pour dessert, une polonaise, un gâteau excellent.
Dans l’après-midi, on part en promenade en Renault 12 avec la sœur et la mère de Frédérique. On retourne à Tours et on visite la cathédrale, l’hôtel de ville, les ponts et les environs de la Loire. On se rend jusqu’au château d’Amboise, haut perché sur le flanc d’une montagne. Il est vraiment très beau ce château.
On mange une glace cassis et pistaches et on se déplace vers le château de Chenonceau. Ce dernier est entouré d’eau et on peut même se promener en barque. À l’intérieur, c’est joli mais c’est très vieux. C’est mon premier château et je crois que je vais apprécier plus ce genre de visite dans les années qui vont suivre. Aujourd’hui, lorsque je regarde une photo du château de Chenonceau en plein milieu du Cher, je le trouve carrément spectaculaire. 😊 Il y a un musée de cire et on peut faire un petit tour de train pour visiter le site.
En soirée, on se retrouve vers 22h. Il y a de l’alcool pour saouler une armée. Je goûte pour la première fois à la sangria. C’est fait avec du cognac et entre autres avec des pommes et du vin. On regarde un montage des photos prises lors de leur voyage au Québec. C’est une super soirée. On se couche vers 2h du matin
(2 août 1983)
Ce matin, on passe tout droit. Nos montres ne nous ont pas réveillés. On rejoint le groupe et on part en vitesse pour la visite de châteaux.
On commence par le château de Fougères et celui de Cheverny. Nous ne les visitons pas car ce sont des châteaux privés. Celui de Cheverny a pour moi une grande importance, puisque c’est ce dernier qui a inspiré Hergé lorsqu’il a dessiné le château de Moulinsart. En effet, Tintin est le héros de ma petite enfance. Je le soupçonne depuis longtemps d’être en grande partie responsable de ma passion pour les voyages.
On poursuit avec le château de Chambord. Il est très imposant : 440 chambres, 365 tours, 63 escaliers et 158 marches pour monter jusqu’au 4e étage.
La visite terminée, on pique-nique dans le parc de Chambord qui est entouré d’une clôture de 32 km. Elle contient des cerfs et des sangliers. On mange des sandwichs au poulet, c’est-à-dire un pain baguette coupé en deux avec du beurre et du poulet.
Ensuite on se dirige vers le château d’Azay-le-Rideau. Il est assez vieux et est situé lui aussi dans un cours d’eau, c’est-à-dire l’Indre.
On termine avec la visite du château d’Ussé. On rigole bien dans l’autobus avec Jean-Baptiste qui tient à tout prix à apprendre l’accent québécois mais qui en est totalement incapable.
Pour souper, on mange chez les parents de Frédérique. Il y a de la pizza qui va également me déstabiliser au plus haut point. Elle est composée d’une pâte à tarte, d’oignons, de tomates, de fromage et d’anchois. J’avoue que c’est quelque chose que j’apprécierai beaucoup plus quelques décennies plus tard. Il y a encore de la bière Mützig. Et on sort de table à 21h45, ce qui à l’époque était pour moi quelque chose d’inconcevable.
On part en voiture pour un feu de camp. Tout le monde y est. On chante, on bavarde, on rigole. C’est très festif. Je goûte à de la bière Pelforth brune. Moi qui n’ai rien bu d’autres dans ma vie que les bières blondes disponibles au Québec à l’époque, je n’apprécie pas le goût de cette bière. 😊 Je vais développer progressivement le goût pour ces bières au goût différent et un jour je les apprécierai à leur juste valeur. Sinon, Frédérique boit du whisky. Elle n’en a visiblement pas l’habitude et va s’enivrer dans un temps record.
On rentre, comme la veille, avec un certain Didier. Il conduit beaucoup trop vite dans les petites routes souvent mal éclairées de la Touraine.
(3 août 1983)
Ce matin, on se lève encore en retard.
Au programme, visite d’une cave à vin vraiment très chouette. Elle contient 120 000 bouteilles. Un monsieur nous explique comment on produit le vin et on passe à la dégustation.
On a droit ensuite à un vin d’honneur à la mairie, celui-ci avec des biscuits. Je souligne au passage que c’est notre deuxième séance de picolage de la journée et qu’il n‘est même pas encore midi. 😊
On revient chez Frédérique pour dîner. Nous mangeons du bifteck de cheval (encore une première pour moi!) avec des patates pas plus grosses que des œufs de pigeon.
En après-midi, il y a une répétition avec l’orchestre en prévision du concert du soir.
En fin d’après-midi, nous sommes reçus à l’hôtel de ville de Tours pour un autre vin d’honneur. Avec Jean et la famille de Frédérique, on se déplace ensuite vers le jardin des Prébendes, où aura lieu le concert. On y pique-nique. On mange des croque-monsieur, c’est-à-dire une tranche de pain avec jambon et fromage. C’est délicieux. Il y a de l’Orangina et du Ricqulès, une boisson à la menthe qu’on avait également bue au dîner.
J’ouvre ici une parenthèse : côté bouffe, les français sont assez incroyables. Ils n’en finissent plus de manger. Ça commence souvent par un morceau de cantaloup, pour se mettre en appétit. Ensuite le repas principal avec beaucoup de pain. Les fromages, la salade et le dessert. On met habituellement plus d’une heure pour souper. 😊
On attend que les autres arrivent et on s’installe dans le petit kiosque où nous jouerons. Le parc est magnifique. De très beaux arbres, des fleurs quasi exotiques toutes très bien entretenues. Il y a des cygnes sur un petit lac, des tourterelles. Et la température est parfaite pour un concert extérieur. Ce dernier se déroule d’une manière exceptionnelle. Tout fonctionne parfaitement bien pour nous et la foule, évaluée à environ 700 personnes, est très chaleureuse. François Bernatchez (un de nos percussionnistes) y va de ses traditionnelles blagues au micro, faisant bien rire les spectateurs.
Un fois le concert terminé, on se rend boire un coup dans une brasserie. La ville de Tours est magnifique, encore plus le soir. Il y a plein de terrasses bondées et de grandes rues où les gens vont se balader.
Mme Foucault insiste pour nous montrer quelques filles de joie car il y en a pas mal sur une rue en particulier. Mais finalement, il n’y en a pas. Comme elle dit, elles doivent toutes déjà être au travail à cette heure-là.
(4 août 1983)
Ce matin, vin d’honneur à la mairie de Bléré. Discours et remerciements qui se soldent par un échange de cadeaux.
On dîne chez la grand-mère de Frédérique. Au menu, du rôti de veau, des légumes et du pain.
En après-midi, on se demande longuement quoi faire. On aboutit à la piscine municipale. On se repose, on se fait bronzer, on profite de la fraîcheur de l’eau. Et on retourne ensuite au Parc plage pour prendre un Coca ou un Vittel – menthe, i.e. de l’eau et du sirop de menthe.
On revient chez la grand-mère de Frédérique et on se prépare pour le concert du soir. Les deux harmonies offriront une solide performance et les gens vont apprécier beaucoup.
On soupe à minuit et avec tout ce qu’on a fait ces derniers jours, je suis très fatigué. On part vers 2h AM alors que la fête bat encore son plein et que l’alcool coule dangereusement à flot.
(5 août 1983)
Jour de départ pour nous. On se lève encore une fois en retard. On se dirige en voiture vers l’endroit où nous attend notre bus. Là j’avoue, c’est un peu triste de quitter ces gens qui nous ont accueillis si chaleureusement. J’invite la famille Foucault à revenir me visiter à Québec. Chose certaine, Frédérique et moi continuerons de nous écrire.
Dans le bus en direction de St-Junien, tout le monde est bien calme étant donné l’heure tardive à laquelle les gens se sont couchés. On arrive vers midi et on se rend à la mairie à pied pour y prendre un vin d’honneur.
Ensuite, nous nous rendons manger au « Centre aéré ». On partage le repas avec des musiciens d’un camp musical. La bouffe est parfaitement honnête. Du bœuf, des haricots verts et des tomates sans oublier le pain, les fromages, les glaces, le cidre et l’eau.
On s’installe dans nos chambres. Le dortoir est pas mal. Lavabos, toilettes, douches à l’eau froide seulement car c’est l’été et le lycée n’est pas chauffé.
Vers 16h30, on part pour aller donner un concert dans un petit kiosque devant une foule très peu nombreuse en partie composée de joueurs de pétanque et de musiciens du camp musical. Nous offrons une bonne performance.
Nous soupons au Centre aéré encore une fois. On a droit à d’excellentes coquilles Saint-Jacques au saumon. Il y a aussi du jambon, des chips, de l’eau et du cidre.
On part pour le palais des sports où le concert du soir est prévu. Le camp musical offre une bonne performance en première partie. Cependant, pour nous, c’est la catastrophe. Tout le monde est fatigué et la concentration n’y est pas. Le public demande un rappel quand même, probablement par politesse. François Bernatchez sauve les meubles en disant à quel point nous sommes fatigués n’ayant presque pas dormi la veille après un goûter et une soirée bien arrosée.
Après le concert, on mange un peu. Il y a une soirée prévue mais on se couche très tôt.
(6 août 1983)
Grasse matinée aujourd’hui. Un peu après midi, on part pour le Centre aéré où le dîner est servi. On mange de la saucisse de porc avec des pois verts et du vin. Trois verres plus précisément, ce qui me ramollit bien comme il faut.
Un peu avant 14h, on se promène dans les rues de St-Junien. Il n’y a pas grand-chose d’ouvert car bon nombre de magasins n’ouvrent qu’à 14h, voire même à 15h. On visite l’église. Elle est très vieille.
Je me balade avec Nathalie (Paré) et on s’arrête sur une terrasse où on prend un Monaco. C’est fait avec de la bière, de la limonade et de la grenadine. Ce n’est pas mauvais, mais le goût est quelque peu bizarre. On allonge 4 FF 25 chacun. Nathalie n’ayant pas fini de le boire quand nous devons partir, le serveur lui dit gentiment de partir avec le bock et elle termine son Monaco en s’en allant.
À 15h, on part pour Limoges et une demi-heure plus tard nous arrivons dans la capitale de la porcelaine. On se promène dans les rues, c’est une très belle ville. Il y a beaucoup de monde, des boutiques partout. Vers 17h, nous nous installons sur une très grande place où un concert est prévu.
Si on exclut les difficultés avec le vent, tout se passera bien. La foule est peu nombreuse mais semblera apprécier notre performance.
On part pour souper. On nous remet un ticket avec lequel on a droit à cinq choix. J’ai une entrée de foie gras avec du pain, du bœuf avec des frites, une citronnade gazéifiée, une purée de pêche et un fromage brie. C’est un bon repas.
On se balade un peu dans Limoges et on rentre à St-Junien. Une soirée est prévue. J’y vais un bout de temps mais comme je ne suis pas tellement amateur de danse, je bois une bière et je vais me coucher.
(7 août 1983)
Je me lève vers 9h, après avoir très bien dormi. Le lit est super confortable. Après avoir paressé un peu, on part pour aller déjeuner en ville. Nous sommes huit. On achète des croissants (4 FF pour 2) et on va les manger dans un petit café-terrasse. Je bois un café noir avec du sucre. C’est la première fois que j’en bois un. Ce n’est pas mauvais, mais je ne raffole pas. Par contre, une bonne trentaine d’années plus tard, je deviendrai complètement accro au café. Et je ne pourrai pas imaginer une journée sans en boire un ou deux. 😊 Après avoir relaxé un peu, on revient à pied au Centre aéré. On dîne sur place. Poulet, frites, vin et fruits. Il y a une dizaine de musiciens de Bléré qui sont venus nous rejoindre. Denis White, notre timbalier, fait encore des siennes en grimpant au sommet d’un arbre d’environ 75 pieds. Plus tôt dans le voyage, il avait fait le funambuliste sur une balançoire à environ 15 pieds de haut. Je vous reparlerai de lui lorsque nous serons, dans quelques jours, au sommet de la cathédrale de Strasbourg.
Le voyage jusqu’à Confolens se passe bien. Seul fait à signaler : comme c’est dimanche, on se met tous à genoux et on récite le Notre Père. 😊
On découvre une ville très colorée, en plein festival. Les spectacles sont beaucoup axés sur la danse et plusieurs pays sont représentés. On dépose nos instruments à l’endroit où aura lieu le concert un peu plus tard.
On assiste un peu aux différents spectacles. Il y a un groupe de Nashville, Tenessee. Et un autre d’Algérie qui nous fera faire tout un saut en tirant un coup de fusil tous ensemble.
Ensuite, je me balade un peu dans la ville avec deux musiciennes de Bléré. Elle est bien jolie cette ville. Et on s’installe pour notre petit concert, qui se passe très bien.
Pour souper, on a droit à des viandes froides, des haricots verts, du fromage, des pommes et du vin. Nous sommes censés jouer à nouveau ensuite mais comme il est tard, ça n’a pas lieu. Ce qui fait l’affaire de tout le monde.
De retour à St-Junien, nous avons droit à un léger goûter composé de pain, de fromage et de bière. S’ensuit une splendide bataille de polochons d’où certains français de Bléré (nettement en infériorité numérique) en ressortent passablement amochés.
(8 août 1983)
Réveil à 5h AM. Je n’ai que le courage de me laver les cheveux, l’eau étant si froide.
On aura différents problèmes car de nombreux musiciens ont de petits soucis de santé. On attendra longtemps un médecin qui va prescrire des médicaments.
On part vers 7h15, soit deux heures après s’être levés. On prend la route en direction de Notre-Dame-de-la-Salette, dans les Alpes. Nous allons arrêter souvent, trop souvent peut-être. Premièrement pour acheter les médicaments prescrits. Une autre fois pour acheter de la bouffe pour le picnic du midi.
Il fera très beau et très chaud, surtout dans le bus. On pique-nique vers 13h, dans la forêt. C’est très chouette. On mange des sandwichs au jambon avec du fromage et du vin. Au moment de se servir, on nous invite à la blague à ne pas nous ruer sur la nourriture comme des porcs. Ainsi naîtra la Confrérie des porcs. Cette dernière, composée de plusieurs membres de l’orchestre, organisera des soirées festives. Elle va exister pendant quelques années avant de disparaître. Après avoir dîné, nous n’avons que deux heures de retard.
Nous nous arrêterons pour permettre à Laurent (Breton), notre directeur musical, d’appeler André Arthur, en direct à la radio. Il est alors 15h15, soit 9h15 à Québec. Pendant ce temps, nous dégustons un brin de cognac que les frères Gadras (Loïc et Jean-Claude) ont acheté.
On traverse Lyon où nous faisons une halte d’une trentaine de minutes, le temps de prendre un Orangina. Lyon est la 3e plus grande ville de France. C’est joli, quoique très industrialisé. Il y a deux cours d’eau qui la traversent.
Ensuite, ce sera le tour de Grenoble, où nous commencerons à apercevoir les paysages grandioses des Alpes. Déjà, nous savons que le concert du soir est annulé, notre retard étant d’environ trois heures.
Les Alpes sont magnifiques. On peut y voir de la neige, même au mois d’août. La route en lacets est assez spectaculaire. Il y a des endroits où le bus passe et où ça coupe juste à côté. Comble de malchance, nous aurons en plus quelques petits problèmes avec le bus en montant une côte qui n’en finit plus de monter. Le moteur chauffe et on doit s’arrêter. Par la suite, ça se passe bien jusqu’à notre arrivée. C’est à ce moment que nous commencerons à chanter un hymne en l’honneur de notre super chauffeur de bus. Je ne pourrais pas dire si cette chanson existait déjà ou si elle a été créée spontanément par un membre du groupe. En tous cas, elle disait « Cher Jean-Louis, tu sais pourquoi on t’aime ». En français, en anglais et aussi en allemand!
Nous sommes tous en piteux état, après un voyage de 15 heures, dont cinq heures de retard. Il est 22 heures. On soupe et heureusement, c’est délicieux. Veau, haricots, pain et fromage.
Nous découvrons nos dortoirs, qui sont très rudimentaires. Tout en béton. Tous tassés les uns contre les autres. De mon côté, je commence à éprouver des maux de gorge.
On sort pour admirer les étoiles. C’est merveilleux. Il y a aussi l’écho qui se répercute à quatre ou cinq reprises. En dépit du fait que tout le monde est fatigué après cette journée de fou, on met longtemps à s’endormir. Par contre, le moral des troupes est à son plus bas. Il y a visiblement un petit os dans l’itinéraire.
(9 août 1983)
Le lendemain, on vient nous réveiller vers 5h30. C’est un peu abrutissant, car nous sommes arrivés au sanctuaire alors que tout est noir et que tout est fermé. Et nous repartons alors que tout est encore fermé.
Le déjeuner ne passera pas à l’histoire. Seulement du pain, du beurre, du café et de la confiture. Tout le reste, nous devons le payer.
Il pleut un peu à l’heure du départ. Même que le moteur du bus ne veut plus démarrer étant donné l’humidité. Nous découvrons des paysages d’une beauté inouïe bien que le temps soit relativement nuageux. Les gens sont visiblement très déçus de ne pas avoir eu la chance de profiter un peu plus des grandioses paysages alpins.
Nous arrivons vers 10h à Voiron, soit avec 1h30 d’avance. Je me promène un peu avec Jean et René (Trudel). Nous passons par une Banque de France pour changer de l’argent. Pour 100$ canadiens, j’obtiens 650 FF.
Nous allons prendre un Ricard (autre découverte pour moi!) dans un petit café terrasse et nous retournons au bus vers 11h. Nous allons porter nos bagages à l’auberge. Je suis bien installé, au 2e étage d’un lit.
Pour dîner, on se rend dans une résidence pour personnes âgées. La bouffe est bonne et le vin est très abondant. On a droit à du veau, du riz, une sauce aux champignons, du chou et des tomates. Quand nous partons, certaines personnes de l’orchestre sont de très bonne humeur.
En après-midi, nous nous lançons à la découverte de la Grande Chartreuse. On a droit à quelques averses sur la route pour s’y rendre. C’est très montagneux, mais aussi très beau. Il y a des tunnels qui passent à travers les montagnes.
On commence par une visite d’un musée où l’on a reconstitué bon nombre des caractéristiques des habitudes de ces moines qui vivent isolés de tout. Ensuite, on visite l’endroit où on fait cette liqueur et on a la chance d’en déguster aussi. Celle à 55% d’alcool, c’est-à-dire la verte, est délicieuse. J’achète deux petites bouteilles de 20 centilitres, une de jaune et une de verte. Là, c’est confirmé, je me suis bel et bien enrhumé.
Pour souper, on mange du délicieux poulet avec des frites, des fruits et beaucoup trop du vin, considérant qu’il y a un concert juste après. En effet, quand nous nous dirigeons vers l’église, certains musiciens sont très très joyeux.
Le concert aura lieu dans une vieille église de style gothique. Pas beaucoup de spectateurs, mais nous jouerons très bien. C’est un concert à caractère assez classique avec des pièces comme Mighty Fortress, Ave Verum et l’Ouverture Egmont. Pour ma part, je fais mon possible, étant plutôt congestionné.
Après le concert, on aura droit à une discussion où il y aura pas mal de flammèches. Je vous fais grâce des détails. Mais je ferai dans les années qui vont suivre cinq autres voyages avec des orchestres et c’est sans contredit la pire engueulade à laquelle j’aurai assisté. Mais il y a vraiment un souci avec l’itinéraire. Il est un peu trop ambitieux pour le temps que nous avons.
(10 août 1983)
Étant encore souffreteux, j’ai plus ou moins faim au réveil. Et je n’ai pas le goût de manger encore du pain. Je me rends donc dans une pâtisserie où je m’achète deux croissants. On part vers 8h en direction de Lons-le-Saunier. Tout le monde dort dans le bus. Personne ne parle.
On arrive vers 11h et les ennuis commencent. Nous sommes attendus pour le lendemain. Donc, pas de réception à la mairie. Pas de concert le soir. C’est assez triste car ces gens ont mis le paquet pour nous accueillir.
Nous allons dîner dans une grande cafétéria. Je mange de la ratatouille avec du bifteck haché, du poulet et une eau Perrier. Ensuite, on se rend au dortoir où l’après-midi et la soirée sont libres. De mon côté, je me couche et je dors à peu près trois heures. Ce qui me fait énormément de bien.
On part souper en ville. L’endroit est charmant et très accueillant. On mange du coq au vin et ma foi, le vin coule à flot. Je suis avec Nathalie, Claire (Beaupré) et Hélène (Lapointe). À notre départ, il y aura plusieurs bouteilles vides sur la table.
Après, nous nous promenons en ville. La météo est assez extraordinaire. Il fait très chaud. Vers 23h, le bus, nous ramène au dortoir.
(11 août 1983)
Pour déjeuner, je mange un excellent croissant. Il y a également du jambon, des œufs, du pain, du beurre et du jus d’orange.
On part vers 9h45 en direction de la région du Champagne. On roule environ trois heures avant de s’arrêter pour le dîner. Je mange du bifteck haché, des frites, du pain avec un Pepsi et une tarte aux framboises.
Le trafic va nous faire perdre un temps précieux. Nous sommes attendus pour 17h30 mais nous n’arriverons à Épernay qu’à 19h. Le paysage est très joli. Ce n’est pas si différent de la Touraine. Il y a des vignes partout.
Le souper s’avérera excellent. Ça ressemble à du saucisson, nappé d’une splendide sauce aux champignons. De plus, on aura droit à de la bière parfaitement honnête.
Comme la soirée est encore jeune, on se rend dans un petit bistrot. La serveuse est super gentille. Elle nous raconte toutes sortes d’histoires. L’alcool est quasiment gratuit. Je bois quatre cognacs à six FF chacun. Bon j’avoue, quand on part, on est tous un peu joyeux. On termine la soirée chez Pénélope, un « dancing » à l’ambiance un tantinet ennuyeuse. Il n’y a pas beaucoup de monde, mis à part les musiciens de l’orchestre. Je me couche vers 1h15.
Des membres du groupe iront ensuite dans une cave de champagne et continueront de picoler. Ça va mal finir pour certains. 😊
(12 août 1983)
Pour déjeuner, du pain, du beurre et du jus d’orange. On se croirait en prison ici! Je blague bien entendu.
Après, nous partons pour visiter un excellent musée. Au premier étage, il y a toute une panoplie d’instruments permettant de faire les vendanges. Au 2e étage, on retrouve des pièces archéologiques assez étonnantes : des squelettes humains, une corne de mammouth, des pointes de flèches, des armes de toutes sortes, des monnaies anciennes, des porcelaines et beaucoup d’autres choses.
Par la suite, nous traversons la rue et nous débutons la visite des caves de Moët et Chandon, producteur d’un champagne de très grande qualité. La guide est très gentille et très compétente. Ces caves sont impressionnantes. Il y a 28 km de voûtes qui ont toutes été taillées à la main. De plus il y a 54 millions de bouteilles. Il y fait très frais, c’est-à-dire entre 10 et 11 °C. Elle nous explique les techniques de fabrication du champagne et le tout se termine par une dégustation de ce divin nectar dans les jardins de Moët et Chandon.
Vers midi, nous prenons la direction de l’hôtel de ville. L’endroit où nous sommes est magnifique. On y prend un petit champagne d’honneur. Il y a deux journalistes avec qui on bavarde un peu. On passe un peu de temps également dans les jardins de l’hôtel de ville.
Pour dîner, on mange du poulet avec des haricots verts et de délicieuses petites prunes vertes. Vers 15h, nous partons pour Reims, en bus. C’est à environ une trentaine de kilomètres. Une fois rendus dans la ville, une guide monte à bord du bus et nous partons pour visiter la cathédrale. C’est un monument très imposant, bien qu’inachevé. Il contient environ 2300 statuts et fait 190 M de haut. On le visite au complet avec la guide. Il y a également un musée où sont entreposées certaines statues provenant de la cathédrale. La température et la pollution les abimant, on les remplace peu à peu par des copies.
Après nous partons à la découverte de la ville avec le bus. Il y a de belles choses à voir. Un arc de triomphe datant de l’empire romain. Des édifices à l’architecture étonnante. À un moment, nous devons arrêter le bus pour permettre à un musicien de vomir sur le trottoir. Maudite boisson!
Vers 18h, nous partons pour le lycée. Nous nous arrêterons en chemin pour acheter du champagne chez un petit producteur. Bien évidemment, c’est beaucoup moins cher. J’achète une bouteille pour 50 FF. C’est censé être de l’excellent champagne sauf qu’ici, on ne paie pas pour le nom comme c’est le cas pour le Dom Pérignon.
On part souper après une courte halte au lycée. La bouffe est honnête. Il y a une coquille Saint-Jacques, des omelettes aux épinards et pour dessert, quelque chose de vraiment très original : une glace à saveur de champagne avec des raisins et servie dans une petite bouteille de champagne qui s’ouvre facilement. Par contre, ce n’est pas très bon au goût. 😊
En fin de soirée, on décide de sortir en gang. Nous sommes une quinzaine dans un café terrasse avec Jean-Louis, notre chauffeur de bus. En parlant de lui, il se déguise en femme juste avant de partir pour le café. Dominique (Bédard) le maquille. C’est assez chouette dans le café mais nous ne resterons pas très longtemps. Moi, je ne prends qu’un Orangina. Je suis fatigué et je dois l’avouer. Je commence à m’ennuyer légèrement du confort de ma petite maison de Beauport. Je pars avec Nancy (Lamontagne) qui insiste pour aller jouer une partie de machine à boules. 😊 Nous retournons à notre lieu d’hébergement où le champagne coule à flot. J’ai soudainement un regain d’énergie et on rigole bien.
Dodo vers 1h15.
(13 août 1983)
Je suis légèrement amoché ce matin. J’ai préparé mes bagages la veille. Donc, rien ne presse.
Pour le petit déjeuner, du pain, du beurre et du jus d’orange. Ce matin, les musiciens de l’orchestre s’arrachent les journaux locaux. Les journalistes rencontrés la veille parlent de notre tournée en France et bien entendu, de notre accent qui rappelle celui de Charlebois. 😊
Un peu après 9h, on quitte en direction de Nancy. Après trois heures de route, nous y sommes. On se pose pour le dîner. Ce dernier ne commence pas très bien avec une entrée de sardines. Il se poursuit encore plus mal avec du foie de je ne sais pas trop quel animal. Heureusement, les frites sont bonnes. Et il y a du pain.
On se lance à la découverte de la ville. Nancy fait l’unanimité. Elle est magnifique. On part avec une guide un peu trop verbomotrice. Elle nous fait voir les principales attractions dont le magnifique hôtel de ville, des fontaines, des parcs et une horloge en fleurs qui fonctionne pour vrai.
On soupe dans un restaurant Flunch. Ça ressemble un peu à nos Marie-Antoinette, chaîne de restaurants populaires jusqu’à la fin des années 1990. Je mange un bifteck haché avec des frites, une salade de fruits avec une eau Vittel très froide.
On se rend à l’endroit où aura lieu notre concert en soirée. Il y a une gigantesque tente avec l’éclairage à l’intérieur. Il y a aussi des gradins. Le concert ne sera pas notre meilleur. Fatigue accumulée du voyage, manque de concentration. Le public semble tout de même apprécier notre prestation musicale.
Nous sommes ensuite invités à prendre un verre dans une brasserie située tout juste à côté de la tente où le concert avait lieu. Je bois une bière Kanterbräu Gold. Elle est vraiment excellente.
Pour le reste de la soirée, on se balade dans la ville. Nancy est encore plus jolie une fois tout illuminée. Une mention toute spéciale pour la magnifique place St-Stanislas.
Après un bref arrêt dans un McDo, juste pour voir si ça goûte comme chez nous, on rejoint le bus qui nous ramène au dortoir.
(14 août 1983)
Je passe encore tout droit ce matin. J’ai une chambre pour moi tout seul, très tranquille. Je m’habille en vitesse, je ramasse mes affaires et je me rends directement dans le bus. Bien évidemment, j’ai loupé le p’tit dej.
On prend la route en direction de Metz. Vers 11h, nous y sommes. On a du temps libre jusqu’à 14h. On part donc se balader. C’est dimanche et pas mal tout est fermé. On a même de la difficulté à trouver un endroit où dîner. On aboutit, comme la veille, dans un restaurant Flunch. Je mange une excellente coquille St-Jacques avec des frites. Et un morceau de gâteau au chocolat très réconfortant.
On se dirige ensuite vers le très beau parc de l’Esplanade pour une séance photos à côté d’une jolie fontaine.
À 14h, on rejoint une très gentille guide qui nous fait voir les principales attractions de Metz. La Chapelle des templiers, la Cathédrale St-Étienne et ses magnifiques vitraux, un petit arc de triomphe, quelques fontaines et statues. On rigole bien en regardant les deux hurluberlus qui font de la musique tout près de la cathédrale. Un des deux gratte la guitare et l’autre souffle dans un saxophone jouet en plastique.
À 17h, on reprend la route en direction de Strasbourg. Dans cette splendide ville, nous sommes à un jet de pierre de l’Allemagne et on remarque immédiatement les influences de ce pays au niveau architectural. Les maisons sont magnifiques. Une fois le voyage terminé, Strasbourg aura été mon coup de cœur.
On se rend au Foyer Notre-Dame, où nous serons hébergés. Le bâtiment, de l’extérieur, est magnifique. Par contre, à l’intérieur, il est assez glauque. 😊 Chaque musicien a sa propre chambre. Pour souper, nous avons droit à du pamplemousse en entrée. Il y a également du porc dans de la chapelure avec des patates grelots. Je bois une bière Ancre, une excellente alsacienne. Pour dessert, une glace mi-vanille, mi-fraise avec une mignonne petite pelle pour la manger.
Ce soir, j’ai besoin de refaire mes forces. Je me couche tôt.
(15 août 1983)
Ce matin, je pars avec André (Villeneuve) et quelques autres pour prendre le petit déjeuner. Après 45 minutes d’attente, on nous sert du pain rassis, du beurre et de la gelée de poires. 😊
Nous partons donc à la découverte de Strasbourg. Nous avons rendez-vous avec une guide. Déjà, elle nous rejoint avec 40 minutes de retard. C’est une vieille mégère, un peu bougonne et pas trop compétente. Elle nous montre la cathédrale, l’université avec ses 33 000 étudiants, quelques églises, le Rhin et l’Allemagne de l’autre côté. Nous l’avons également réservée pour l’après-midi mais elle est remerciée de ses services.
On retourne au Foyer Notre-Dame pour dîner. On mange du céleri dans une espèce de sauce sur une viande inconnue. Il y a des patates grelots, des carottes, des pois verts. Ça ne me plait pas trop comme repas. Heureusement, je peux me consoler avec ma bière Ancre, la même que la veille.
En après-midi, je pars avec Marc, Martin (Duquette) et Denis. On se balade un peu en ville et on décide de faire un tour de bateau-mouche sur l’Ill, une petite rivière qui traverse Strasbourg. Ça nous permet de voir de belles maisons à l’architecture typique, d’autres petits bateaux et quelques églises.
On se pose sur une terrasse histoire de boire un Coca bien glacé. Il y a deux musiciens, un qui joue de la mandoline, l’autre qui joue du banjo. On leur file quelques pièces lorsqu’ils passent le chapeau.
Comme prochaine activité, on décide de grimper les 330 marches jusqu’au sommet de la Cathédrale de Strasbourg. On doit allonger 5.40 FF mais la vue d’en haut est sublime. Notre ami Denis White se fait prendre en train de graver son nom sur un cadre de porte. On lui dit qu’il est passible d’une amende de 150 FF. Il s’arrête instantanément. Mais ce n’est pas tout : il insiste également pour faire l’équilibriste sur le bastingage qu’on voit derrière Marc et moi sur la photo ci-dessous.
Comme je ne veux en aucun cas assister à une chute vertigineuse d’une hauteur équivalant à 330 marches, je me pousse en vitesse. 😊
Il est alors 19h. Marc et moi allons boire une bière « Aux armes de Strasbourg ». C’est une Fischer Gold et elle est excellente.
Pour souper, on retourne au Foyer Notre-Dame où on nous sert pour la énième fois du poulet et des frites. Il y a une entrée de sardines et de betteraves. Pour dessert, on peut choisir entre une tarte aux cerises et une tarte aux pêches. Le tout accompagné d’une bière Ancre.
Vers 20h30, Marc et moi retournons en ville. Il faut profiter au maximum de cette magnifique soirée dans cette magnifique ville qu’est Strasbourg. On se pose sur une terrasse et on va enfiler deux Schutz, une excellente bière alsacienne. Il y a un chansonnier qui gratte la guitare et qui se promène d’une table à l’autre. Un peu plus tard, un groupe de musique andine.
Pour terminer la soirée, on retourne « Aux armes de Strasbourg ». On commande deux choppes de bière d’un demi-litre. C’est de la Gruber, une autre excellente bière alsacienne.
Bon, j’avoue. On est un tantinet éméché lorsqu’on va se coucher. 😊
(16 août 1983)
J’ai toutes les misères du monde à me débarquer du lit. Je descends déjeuner. Il n’y a que du pain, du beurre et de la confiture. Il y avait de l’Orangina, mais il n’en reste plus.
Aujourd’hui, départ vers la Belgique. On attend un peu les femmes dont le lieu d’hébergement est plus loin, en banlieue. On comprend que c’est mieux mais en contrepartie, elles sont à 30 minutes de marche du centre-ville.
On part donc vers 7h30 en direction de Dinant. On mettra un bon cinq heures pour s’y rendre. Il faut déjà traverser la frontière avec le Luxembourg et ensuite entrer en Belgique. Tout se passera sans le moindre problème. Pour les prochaines nuits, nous sommes hébergés dans une caserne militaire.
On mange dès notre arrivée. Un potage qui goûte l’eau, du pain en tranches (une première depuis notre départ du Québec), une espèce de pâté de foie gras, un steak très poivré style semelle de godasse. Par contre, les frites accompagnées de mayonnaise sont sublimes. 😊
À 14h30, on s’installe dans nos dortoirs qui sont franchement rudimentaires. Et on part en ville à la recherche d’une banque pour obtenir des francs belges (FB). Pour accélérer le processus, je troque des FF pour des FB avec Martin. On se promène un peu le temps que tout le monde ait son argent.
Après, on part pour une visite des environs. On voit le fameux monolithe de 40 mètres, quelques églises, un château et la Vallée de la Meuse.
On revient au dortoir pour souper. Ce sera notre pire repas depuis le début du voyage. Une omelette au fromage, du pain, du beurre et des pruneaux pour dessert.
Pour le concert du soir, on se rend en bus dans une très vieille église. Elle est très jolie à l’intérieur. C’est un concert classique. On commence à jouer à 20h et une heure plus tard, c’est terminé. Fait à signaler : nous sommes assis sur des chaises très basses, donc très inconfortables pour jouer d’un instrument à vent.
Ensuite, on va boire un verre dans un café juste à côté. Je bois une Jupiler, une bière blonde locale pas mauvaise du tout.
(17 août 1983)
Ce matin, je me rends très tôt aux douches. Pas d’eau chaude. Ça ne commence pas bien la journée! 😊 Je vais déjeuner vers 8h. Du pain, du beurre, de la gelée de prunes ou de pommes. Et de l’eau minérale.
À 9h15, nous partons en direction de Bruxelles. On arrive à 10h45. Nous avons du temps libre jusqu’à 13h. Avec quelques membres de l’orchestre, on se balade en ville. On aboutit dans un centre commercial. On se pose dans un petit restaurant qui s’appelle Pizzaland. Je prends un spaghetti gratiné au jambon. Je vais regretter mon choix. Ce sont des pâtes baignant dans une sauce à base de fromage blanc et quelques miettes de jambon. Plusieurs années plus tard, je vais apprécier beaucoup plus ce genre de plat. Il y avait des pizzas comme au Québec. Pas avec une croute à tarte, comme celle de Bléré dans les premiers jours du voyage. Par contre, la tarte aux pommes est excellente. Avec un Coca, tout ça ne coûte qu’environ 3.50$.
On se lance ensuite à la découverte de Bruxelles. Nous avons une guide et elle est très gentille. Comme premier arrêt, l’Atomium. Cette structure très originale symbolise un cristal élémentaire de fer agrandi 165 milliards de fois.
On passe par le palais de justice, on voit quelques églises et statues, une pagode chinoise. La visite se poursuit à pied. On traverse la magnifique Grand-Place de Bruxelles. Et on se dirige vers le Manneken Pis.
Ce site est très populaire. La légende dit qu’un petit garçon s’était perdu dans une foule. Au bout de cinq jours, son père l’a retrouvé en train de faire pipi. Il éteignait une mèche qui aurait fait exploser les remparts de la ville. C’est en l’honneur de ce héros qu’on a érigé cette petite statue d’environ deux pieds de haut.
Pour souper, nous avons rendez-vous avec Jean-Louis sur la Grand-Place.
Nous sommes 23 au total et on se dirige vers un restaurant qu’il a choisi pour nous. L’endroit a l’air un peu chic mais ce souper ne sera que déceptions. Nous ne choisissons pas notre menu. C’est du veau, des patates, des haricots verts et du pain. Et une banane. 😊On va nous pousser dans le dos pendant tout le repas afin que l’on quitte le plus rapidement possible pour pouvoir servir d’autres clients. Notre serveur ne parle pratiquement pas français. On a bien rigolé mais on est tous très déçus.
Ensuite, Jean-Louis souhaite nous montrer les quartiers légers de Bruxelles. Ici, les femmes n’ont pas le droit de faire le trottoir. Elles s’installent donc à l’intérieur, derrière de grandes fenêtres, en petite tenue. Mais bon, il n’est que 20h30. Les rideaux sont tirés et nous n’apercevrons pas de femmes. Peut-être sont-elles déjà toutes au travail?
Pour terminer la soirée, on se pose dans une petite taverne. Ils allaient fermer mais quand ils nous voient arriver (nous sommes 11), ils nous servent à boire. On se prend une bière Kwac, dans un verre très particulier. Elle fait 8.4% d’alcool. C’est fort probablement la première fois que je bois une bière aussi alcoolisée. Le serveur est très gentil et on lui donne un bon pourboire.
On monte dans le bus et on file vers Dinant où nous passons la nuit. Je dors pendant presque tout le trajet.
(18 août 1983)
Ce matin, c’est un grand jour. Nous partons pour Paris, ultime étape de notre périple. On roule pendant environ deux heures avant de s’arrêter pour une première fois. Comme je n’ai pas mangé beaucoup au petit déjeuner, j’y vais à fond dans la boîte de succulentes pralines achetées la veille à Bruxelles. C’est bon à s’en lécher les doigts! Lors de notre arrêt, je goûte également à des croustilles à saveur de paprika. Elles sont excellentes. Le goût s’apparente beaucoup à nos croustilles au BBQ.
On reprend la route et un peu plus loin, crevaison!
Jean-Louis, sous un soleil impitoyable, mettra une bonne heure à réparer tout ça. Le reste du voyage se déroule sans anicroches et vers 14h nous arrivons au FIAPAD (Foyer international de Paris La Défense), à Nanterre, dans la banlieue ouest de Paris. C’est là que nous logerons pour nos quatre dernières nuits.
On dîne sur place, dès notre arrivée. On nous sert un bifteck avec des frites, du pain, du fromage, une pomme et un Orangina.
En fin d’après-midi, on nous explique comment vont se dérouler les dernières journées. Comme il y aura du temps libre, on se fait également un plan pour décider de ce qu’on va visiter.
À 19h, on soupe. Une entrée froide à base de riz, de l’agneau avec des frites, du pain, du fromage et une citronnade gazéifiée. Ce repas est parfaitement honnête.
On monte dans le bus pour une visite de Paris illuminée. On commence par l’arc de triomphe. Nous allons tous le toucher. C’est vraiment très impressionnant. J’en ai des frissons dans le dos. Ce monument, dont on a si souvent entendu parler, qu’on a vu des milliers de fois en photos et qu’on voit pour la première en vrai. Wow! On vit des émotions tout aussi intenses au moment d’aller voir la célèbre tour Eiffel, de même que les Champs-Élysés.
La balade en autobus dure environ deux heures. On nous fait voir également la place de l’Opéra, l’hôtel de ville, des bistrots par centaines et des cafés bondés de monde. Bref, Paris est une ville sensationnelle. On rentre vers 23h.
Après avoir bu un verre au bar du FIAPAD, je me couche très fatigué de notre longue journée.
(19 août 1983)
Vers 8h, on se rend déjeuner. Comme d’habitude, pain, beurre et confiture de framboises. Il y a aussi de la boisson à l’orange. On en profite pour discuter de ce que nous allons faire pour la journée.
Vers 9h, on descend et nous sommes prêts à partir. Bon, ce n’est pas facile de décider où nous irons car à ce moment, nous sommes 18. Ce qui est, avouons-le, infiniment trop.
On se dirige vers la station du RER (métro de banlieue) qui est tout près de l’endroit où nous logeons. On achète une carte à 66 FF nous donnant droit de prendre le métro, le RER et l’autobus pendant quatre jours. Nous ne rentrerons probablement pas dans notre argent, mais ça sera plus simple ainsi.
Nous filons en direction de la station Charles de Gaulle – Étoile. Une fois arrivés, nous sommes à quelques pas de l’arc de triomphe.
On y flâne un peu et nous nous dirigeons vers la place Chaillot, tout juste à côté de la tour Eiffel. Nous décidons d’y monter. Il faut payer 20 FF et on ne peut pas aller plus loin qu’au 2e niveau, le 3e étant fermé pour des rénovations. Néanmoins, le panorama sur la ville est superbe. On prend plusieurs photos et on redescend.
À ce moment, il est près de midi et nous commençons à avoir faim. On traverse le Champ-de-Mars et après avoir marché quelques instants, on se pose dans une petite brasserie bien sympathique. Je prends un hamburger avec frites et un Coca. Le hamburger est en fait une boulette de bifteck haché avec un œuf sur le dessus. Le Coca, en format 0.5 l, coûte à lui tout seul 9 FF. C’est beaucoup par rapport à ce qu’on paie au Québec uniquement pour un verre de boisson gazeuse. Mais on se régale bien et tout le monde est content.
À ce moment, nous ne sommes plus que neuf et on se sépare encore. Je continue avec René, Jean, Chantal (Gosselin) et Julie. On se rend au Dôme des Invalides, où repose Napoléon. On marche longuement sur de belles rues parisiennes. On traverse la Seine pour aboutir à la place de la Concorde, avec son obélisque égyptien et sa magnifique fontaine.
On relaxe un peu aussi dans le jardin des Tuileries. On découvre l’arc de triomphe du Carrousel et le Louvre que nous visiterons plus tard. Et on revient sur les Champs-Élysées. À ce moment, il y a beaucoup de monde. On fait quelques achats et vers 19h30, nous sommes de retour au FIAPAD.
Ça se termine au bar, un étage plus haut, qui se transforme en discothèque. J’y bois deux Monacos. Petit souci : je suis embarré dehors car le reste de mes colocataires sont sortis. Heureusement, je suis chanceux dans ma malchance car ils vont rentrer plus tôt que prévu en raison d’un orage. On déconne encore un peu et on se couche vers 1h30.
(20 août 1983)
Ce matin, le départ est prévu pour 9h. En fait, la guide que nous avons surnommée affectueusement la « Mère Michelle », arrive 20 minutes en retard. Nous partons donc à 9h20. On nous fait découvrir d’autres endroits de Paris. Le Panthéon, l’Opéra, la place Vendôme et la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Ensuite, nous partons pour Versailles. Il y a bien une trentaine de minutes de bus pour s’y rendre. En arrivant, on prend des boîtes à lunch gracieuseté du FIAPAD et nous nous installons les uns à côté des autres dans un parc. Le repas comprend du pain, du pâté de foie gras, deux tranches de jambon avec lesquelles je me fais un sandwich, une compote de pommes, des haricots verts froids qu’à peu près personne ne mange, un morceau de chocolat et une bouteille de Fanta.
Laurent va une fois de plus licencier une guide. Elle est bête comme ses deux pieds et comme elle ne peut faire la visite du château de Versailles qu’avec 30 personnes, alors pour être juste envers tout le monde, on la renvoit chez elle.
Pour 8 FF (en 2023 il faudra payer 20 fois plus!), la visite du château est un spectacle très impressionnant. Tout y est magnifique : les toiles, les sculptures plaquées or, les marbres aux différentes couleurs. Après avoir fait le tour, nous partons à la découverte des magnifiques jardins. Tout y est merveilleux. Ici, nous n’avons pas le droit de circuler sur les pelouses. Tout est parfaitement entretenu et c’est vert partout.
On marche longuement dans les jardins. Il y a un joli plan d’eau où on peut louer des barques. Un autre endroit qui s’appelle le petit Trianon.
On rentre au FIAPAD vers 19h. Je repars avec quelques-uns de mes amis de l’Harmonie dans le coin de l’Opéra. Nous prenons d’assaut un charmant petit bistrot sur le boulevard de l’Opéra. J’y bois du Ricard. On rentre assez tôt avec le métro et le RER. Dodo vers 1h AM.
(21 août 1983)
Rien de prévu pour l’avant-midi. Je pars avec quelques amis avec la ferme intention d’aller voir Mona Lisa et la Vénus de Milo au Louvre. Nous ne verrons qu’une infime partie de ce gigantesque musée. Il paraîtrait que si on s’arrête cinq secondes devant chaque œuvre, on mettra cinq semaines à le visiter.
On commence par la Vénus de Milo, que je ne connaissais que de réputation. On se rend ensuite s’émerveiller devant la très célèbre Mona Lisa de Léonard de Vinci. C’est impressionnant au plus haut point. Je m’approche à cinq ou six pieds du tableau, qui incidemment est derrière une vitre sécurisée. Je peux constater tout ce qui émane de ce visage plein d’émotions et qui semble toujours te regarder droit dans les yeux.
On ne reste pas très longtemps au Louvre. C’est dimanche et comme c’est gratuit, il y a une foule considérable. On reprend le métro et on dîne vers 11h30. Je mange une salade comme entrée avec des cubes de bœuf sur du riz.
En après-midi, on part pour Montmartre. Il y a un bon 45 minutes de bus pour s’y rendre. Un jeune freluquet nous accroche avec sa vieille bagnole. Il n’y a que quelques traces de peinture sur le rutilant bus de Jean-Louis. Il parvient à enlever tout ça et on repart.
Dans Montmartre, un dimanche, nous aurons beaucoup de difficultés à nous garer. Il y a du monde partout. On se promène avec la Mère Michelle, mais on ne l’écoute pas trop, comme d’habitude.
Il y a des tas d’artistes qui nous sollicitent pour faire notre portrait au fusain. On visite la basilique. De cet endroit, nous avons une vue splendide sur Paris. Montmartre est sur une colline et est au même niveau que le 2e étage de la tour Eiffel. Il y a de nombreux musiciens ambulants. L’ambiance est excellente.
A moment de partir, un fait cocasse survient. Jean-Louis a toutes les misères du monde à sortir son bus du stationnement à cause d’une toute petite voiture. Un bon samaritain arrive, la prend par le pare-choc arrière et la déplace. Quelle force incroyable!
On rentre vers 17h30 au FIAPAD et on relaxe jusqu’à 19h.
Nous repartons en direction du boulevard Saint-Michel et de ses environs. On déniche un petit restaurant espagnol, le Mélido, où on s’installe dans une cave vraiment très chouette. Le repas sera excellent et copieux. Il y a de la sangria à l’apéritif, une soupe à l’oignon gratinée comme entrée, une brochette comme plat principal et une pointe de tarte aux pommes. Nous avons des bouteilles de vin et on s’en tire pour 75 FF chacun.
Il est alors 22h30. Nous avions prévu faire un tour de bateau-mouche mais il est déjà trop tard. Nous rentrons au FIAPAD. Je serai réveillé à quelques reprises durant la nuit par les fêtards qui reviendront à tour de rôle. Je m’en voudrais de ne pas signaler qu’un nouveau couple s’est formé. Chantal et Jean. Et ce couple sera encore bien vivant au moment d’écrire ces lignes.
(22 août 1983)
Ce matin, on se lève tôt car il faut libérer la chambre pour 9h. Les valises daignent péniblement se fermer. On relaxe un peu. Pour dîner, je mange un bifteck avec du riz et des frites. C’est vraiment très bon.
Vers 13h, on a une petite réunion où on fait le bilan du voyage. Laurent insiste pour que l’on focusse sur les succès qu’on a connus et qu’on oublie les petits problèmes rencontrés. On remercie notre super chauffeur de bus Jean-Louis de qui nous garderons assurément un souvenir inoubliable.
Puis, c’est le départ. Vers 14h15, on arrive à Charles-de-Gaulle. On fait enregistrer nos bagages et nous attendons les derniers instants avant le départ. Il y a des gens de Bléré qui sont présents. Cette fois-ci, on les quitte pour de bon et c’est assez triste.
On monte dans l’avion en emportant avec nous notre boîte à lunch. L’avion s’envole, quittant en même temps que nous ce continent européen qui nous a si chaudement accueilli au cours des trois semaines de notre périple. La traversée de sept heures se déroule sans problème. Bon, il y aura des turbulences mais ce n’est pas si pire. J’ai dormi un peu.
Nous remplissons notre déclaration de douane dans l’avion et nous arrivons finalement à Mirabel. C’est vraiment bien de se retrouver dans son pays. À ce moment, j’ai très hâte de revenir à la maison. On montre nos passeports et on récupère les bagages. Personne n’est fouillé. Pas de taxes à payer et surtout pas de perte de temps. Sans trop s’en apercevoir, on est déjà à l’extérieur de l’aéroport.
On prend un bus et nous filons en vitesse jusqu’à Beauport. Je dormirai environ 1h30. Et on arrive enfin. À notre heure, il est 5h AM, 23h à Beauport. Mes parents sont là et nous partons directement à la maison. Je déballe mes affaires, mes cadeaux. Je raconte quelques anecdotes et je me couche dans mon lit si douillet avant de me réveiller et d’entamer mon avant-dernière session au Cégep Limoilou.
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